Temps de lecture estimé à : 5 minutesLe Joker de Todd Phillips, mon avis

Temps de lecture estimé à : 5 minutes

Habituellement, je suis toujours méfiante des films de super-héros, je m’y ennuie facilement. Les scènes d’actions à foison, les scénarios paresseux font que je n’arrive pas à m’attacher aux personnages. Les seuls qui m’ont marqué sont les Deadpool, ou Logan qui m’a donné l’impression de voir un road-movie sur la dépression. Malheureusement, les méchants sont très anecdotiques. Le Joker, ça a été une autre expérience.

Coup de foudre dès la bande-annonce avec Le Joker ?

Quand j’ai entendu parler du projet, j’étais un peu « mouais ». Je m’en fichais pas mal, jusqu’à voir les premières bandes-annonces. Celles-ci mettaient le ton, et proposaient autre chose, avec la genèse du méchant de comics le plus iconique.

Dès les premières images, je pressentais que ce Joker serait différent ! Dans sa mise en scène, mais aussi dans la psychologie du personnage. J’avais hâte ! Vraiment. Et je suis quelqu’un d’assez pénible en cinéma ; j’ai tendance à vite m’ennuyer, une fois que j’ai compris où le film voulait en venir.

Trop de scène d’action a tendance à rendre le tout vomitif. Ce que j’apprécie  ? En vérité, c’est des personnages bien développés et un propos. Voilà pourquoi j’adore l’adaptation Syfy du comics Deadly Class, qui sans être 100% fidèle parvient à en faire un univers étendu. Mais Deadly Class, comme Joker ne plaira pas à tout le monde.

 

Arthur se regardant dans le miroir et se forçant à sourire

J’avais la hype, et je pressentais que je ne serais pas déçu. Et je n’ai pas été déçu, parce que bon sang ! Quel chef d’œuvre ! Le dernier film a m’avoir donné une telle baffe était Mad Max Fury Road. Sa mise en scène servait son propos. Il mettait à mal le cinéma français, en lui prouvant qu’un scénario en ticket de métro peut en raconter davantage.

C'est un film Batman, ça ?

Avec Joachim Phoenix en tête d’affiche, Joker est un film très travaillé et réfléchi, aucun détail n’est laissé au hasard. La photographie est superbe, la mise en scène est prenante, sans en faire des caisses. Le ton du film est d’un réalisme froid et brutal… faisant qu’un Batman n’a pas sa place dans cet univers.

De plus, j’avais oublié au cours du film dans quel univers celui-ci se passait, au point de buger quand le nom de Wayne a été mentionné. Un mec en costume de chauve-souris qui arpente les rues de cette Gotham crasseuse serait plus que ridicule.

C’est très simple, les dix premières minutes de Joker annoncent le ton. Parce que ce n’est pas un film de super-héros, mais un film se concentrant sur la détresse sociale des laissés pour compte, et des marginalisés. Je reviendrais sur ce point dans la partie spoiler de l’article, car pour moi, Le Joker est sur le spectre de l’autisme. J’ai besoin de spoiler pour expliqué en quoi il est, et en quoi ce film avec un tel protagoniste est aussi ingénieux. 

Un réalisateur improbable ?

Le plus improbable dans Joker, c’est le réalisateur : Todd Philips, qui est notamment derrière les Very Bad Trips. Le plus ironique, c’est que j’ai eu l’impression tout au long du film qu’il critiquait tout ce qu’il avait montré de « drôle » dans ces films-là. Comme quoi…

Il a su magnifier le drame qu’est Arthur, avec la direction de son acteur principal — excellent au demeuran. Il joue avec les angles de la caméra, qui semble danser autour de son corps, elle est aussi un acteur à part.

Les longs silences qui ponctuent le film ne font que mettre en évidence la solitude d’Arthur, évoluant en décalage par rapport à la société qui l’entoure. Les plans iconiques des escaliers, le montrant d’abord peiner à le remonter, comme s’il essayait de se maintenir la tête hors de l’eau, sont très beaux… jusqu’à ce qu’il finisse par les descendre dans sa tenue de Joker. Comme si au final, le personnage luttait pour rien en essayant de correspondre à une société qui elle, ne lui correspondait pas et le rejette.

Tout semble parfaitement réfléchit dans le film le Joker

Si Arthur évolue dans une mégalopole crasseuse et misérable, il est écrasé par une imposante solitude tout en étant entouré par la foule. Le choix de l’époque, plus ou moins incertaine rend le film intemporel. Les HLMS taggés, les poubelles qui dégorgent, l’absence d’animaux — hormis les rats —, la foule au visage triste et fatigué contrastent avec le luxe exposé dans l’émission qu’Arthur aime regarder avec sa mère.

Avec un Robert de Niro paternaliste, se pavanant sur un plateau télé aux couleurs chaudes, en contraste avec l’appartement d’Arthur montre un énorme écart social. D’ailleurs, le personnage que De Niro incarne, Murray se targuera de ne pas faire d’humour vulgaire et violent, alors que la majorité de ses blagues visent des minorités : les juifs, les femmes, et les « simplets ». Une belle façon de dénoncer l’hypocrisie qui régit la société.

La musique n’est pas en reste, elle accompagne les péripéties d’Arthur, sa chute. Le choix du violoncelle se montre tantôt oppressant, tantôt libérateur. La musique est en phase avec ce qu’il se passe à l’écran, et donne aux quelques moments où Arthur rit un profond sentiment de tristesse. Il est ingénieux de la part du réalisateur de reprendre le rire du Joker ainsi : il n’est pas joyeux, il est nerveux, étouffe Arthur, et ne fait qu’amplifier son caractère décalé. Je ne l’ai pas trouvé glaçant ou malaisant, mais profondément mélancolique.

En conclusion : j'ai aimé le Joker

Si vous souhaitez voir un film d’action et de superhéros, ce film vous décevra. C’est un film d’auteur sur la détresse sociale, avec un propos coup de poing derrière. Toutefois, les bandes-annonces ont été plutôt honnêtes, selon moi. Mais bref…

Maintenant, je vais pouvoir spoiler. Sincèrement, toi qui me lis derrière l’écran, si tu n’as pas vu le film, ne lis pas. Le film ne m’a pas surprise dans son scénario, mais sa façon de raconter oui. Tu ne pourras pas profiter du film en lisant mes spoilers, alors ferme vite cette page, oust ! Et va le voir. Sincèrement, ça vaut le coup.

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