Temps de lecture estimé à : 7 minutesLe Bleu ne va pas à tous les Garçons : un livre jeunesse LGBT à lire !
Le Bleu ne va pas à tous les Garçons est un récit auto-biographique écrit par George M. Johnson, personne non-binaire, journaliste et militant·e queer, et afro-américain·e. En 2019, iel a obtenu une récompense pour son article dans Vice (magazine canadien) « When Racism Anchors your Health » auprès de l’organisation National Association of Black Journalists. Cette dernière a pour but de promouvoir les journalistes afro-américains.
Le Bleu ne va pas à tous les Garçons : le parcours de George M. Johnson
George M. Johnson n’a que la trentaine au moment où iel écrit : le Bleu ne va pas à tous les Garçons. Et même si au cours de l’histoire, iel plaisante là-dessus, force est de constater que ce roman est d’une grande utilité. On y suit l’enfance, puis l’adolescence, et le commencement de la vie d’adulte de George M. Johnson, personne noire et queer aux États-Unis. Si très tôt, iel sent sa différence, il lui faudra du temps pour comprendre. En effet, George subit une double oppression : celle d’être une personne noire aux USA, et celle d’être une personne queer au sein des USA et de la communauté noire.
Point important : si je suis queer, et que la lecture de son autobiographie m’a permis d’un peu mieux me comprendre, je suis blanc. Il y a des choses auxquelles je ne peux pas m’identifier, et ce n’est pas grave. Au contraire. Mais voilà, je ne suis pas le plus approprié pour parler du roman, je pense. J’espère que mes propos ne seront pas trop maladroits, et si c’est le cas, je vous invite à me le faire savoir. Afin que je puisse me corriger.
Une auto-biographie efficace
Dans tous les cas, je pense que ce récit est d’ordre d’utilité public : George M. Johnson fait un gros travail de sensibilisation au travers de son histoire. Que ce soit sur le racisme et l’importance des représentations, mais aussi sur les sujets LGBTQIA+, et surtout ce que cela implique dans la communauté afro-américaine. Le roman raconte avec beaucoup de bienveillance et d’honnêteté le parcours de saon auteurice, et je l’ai lu en même pas une journée. La lecture est simple, efficace, mais aussi très parlante. L’auteurice ne cherche pas à lisser certains évènements, mais invite plutôt à une prise de conscience.
Attention, je risque de spoiler.
Le Bleu ne va pas à tous les Garçons : une oeuvre de sensibilisation et de dénonciation
À plusieurs moments, George M. Johnson emploie le terme de « micro-agression » pour parler d’évènements, qui peuvent sembler « risibles » sur le moment, mais qui ont un impact très fort. Par exemple, George a été dans un collège avec une majorité d’élèves noires, puis dans un lycée avec une majorité d’élèves blancs. Lorsque George termine le lycée, il y a lieu une cérémonie durant laquelle le major de promo fait un discours. Un élève blanc, qui termine en mentionnant Tupac et Biggie. Si les élèves blancs applaudissent avec entrain, ce n’est pas le cas des élèves noirs.
George M. Johnson dénonce une micro-agression, ce que fait le major de promo est une réappropriation culturelle. Tupac est mort lors d’une fusillade à Las Vegas en 1996, sans que l’affaire ne soit jamais résolue. Biggie est mort six mois après, lors d’une fusillade, et l’affaire n’a jamais été résolue. Le fait qu’un élève blanc se réapproprie cela est violent. Pour résumer cela, je cite George M. Johsnon : « Durant tout le temps que j’y avais passé, ma culture avait été une blague, pour eux quelque chose avec laquelle ils pouvaient jouer sans jamais subir l’oppression qui pesait sur ses créateurs ».
George M. Johnson montre alors que l’appropriation culturelle est courante. Ici par exemple, lorsque des blancs s’approprient la culture noire, mais aussi lorsque les hétérosexuels et cisgenres le font avec la culture queer.
De l'importance de la représentation
George M. Johsnon revient aussi sur plusieurs aspects, de ce que cela signifie être noir·e et queer. Iel se dit chanceux·se d’avoir d’autres personnes queers dans son environnement familial, notamment Hope, une cousine transgenre. Hope voit dans l’adolescent·e une partie d’elle-même, elle semble déjà deviner ce qui deviendra de George. Et si son coming-out est bien accueilli dans la famille, c’est une « chance ». En vérité, Geoerge met en avant plusieurs fois sa chance d’avoir grandi dans un milieu bienveillant. Iel dit plusieurs fois que sa mère « savait », même avant qu’iel lui annonce aimer les hommes. Et qu’elle a agi en conséquence, afin de protéger son enfant de l’homophobie.
Plusieurs fois, dans le roman, Goerge M. Johnson démontre tous les efforts qu’iel faisait pour paraître « comme un garçon normal ». S’iel aimait « les trucs de filles », iel a appris à ne pas s’écouter. Il y a ce passage que je peux tout à fait comprendre, lorsqu’iel parle de son enfance. Iel dit que son jeu favori était la corde à sauter, mais que lorsqu’un ami lui fait remarquer qu’on raconte qu’iel est gay et que ce serait bien qu’iel vienne jouer à football américain avec les « autres garçons » pour prouver le contraire, iel accepte. S’iel découvre être doué·e là-dedans, iel fini par quitter « ce jeu de fille » pour correspondre à ce qu’un petit garçon se doit d’être.
Grâce au Bleu ne va pas à tous les Garçons, j'ai pris conscience de ce qu'être Queer signifiait
Plusieurs fois, George M. Johnson montre et a posé des mots sur des ressentis que j’avais : ça fait quoi, d’être « queer » ? Je crois que grâce à ellui, j’ai pu prendre plus conscience que ce que ce mot signifiait. Queer était utilisé au départ par les personnes non concernées pour nous désigner, et signifie : peu commun, bizarre. La communauté LGBTQIA+ se l’est réapproprié. Mais grâce à ce que George M. Johnson décrit dans son autobiographie, j’ai pu comprendre à quel point j’étais moi-même, queer. Au-delà du fait que je ne sois pas cisgenre ni hétérosexuel, je suis « queer ». Avec tout ce que cela implique : le décalage avec les autres enfants que je ressentais depuis toujours, mes centres d’intérêt « étranges » pour une personne perçue comme féminine, et cette espèce de vide, de chose qui manquait à mon adolescence. Parce que je ne cochais pas les cases, je faisais semblant.
Le Bleu ne va pas à tous les Garçons : en conclusion
Je pense que ce roman est une excellente chose. Il peut s’adresser aux personnes non-queers, comme aux personnes queers. De même qu’il peut être une très bonne prise de conscience aux personnes blanches, tout en s’adressant aux personnes noires. C’est une bonne introduction, George M. Johnson a tout du long un discours bienveillant. J’ai eu des moments qui m’ont fortement touché, d’autres qui m’ont fait sourire. C’est une jolie histoire, douce, parfois un peu amère. Je conseillerai davantage le Bleu ne va pas à tous les garçons que Cette fille, c’était mon frère par exemple. Sans doute parce que le récit est plus moderne, et qu’il est écrit par une personne concernée par les luttes queers. Bref, je serais heureux de voir d’autres publications de l’auteurice à venir, j’ai passé un moment agréable.